Unibal et la FMB (la Fédération des Magasins de Bricolage et de l’Aménagement de la maison) ont rendu publics les chiffres de l’activité du bricolage, pour l’année 2016. Avec une croissance de 1,9 %, le marché du bricolage reprend des couleurs. Le chiffre d’affaires passe à 25,4 milliards d’euros. Une hausse non négligeable, qui confirme la bonne santé du marché du Bricolage en France.
De gauche à droite : Caroline Hupin, Déléguée générale de la FMB et Frédéric Sambourg, Président de la FMB (Fédération des Magasins de Bricolage et de l’aménagement de la maison), Jean-Éric Riche, Président d’Unibal (Union Nationale des Industriels du Bricolage, du Jardinage et de l’Aménagement du Logement) et Valérie Dequen, Déléguée générale d’Unibal.
Le marché du bricolage est en forme ! Son état de santé est confirmé par une belle performance sur les chiffres de ventes. Cette année, le chiffre d’affaires a atteint 25,4 milliards d’euros. Un chiffre en progression, comparé aux années précédentes, puisque nous observons une augmentation de +0,6 % par rapport à 2015, et +0,8 % par rapport à l’année 2014. Une hausse qui peut donc être qualifiée d’assez régulière.
Ce chiffre permet au marché du Bricolage de conserver la première place des dépenses des ménages français. Vient ensuite le Meuble, avec 9,6 milliards d’euros, le Jardin avec 8,7 milliards et, en dernière position, l’Électroménager, avec 7,7 milliards d’euros dépensés. Notons tout de même qu’à l’exception du Jardin, qui se maintient, chacun de ces secteurs progresse de 2 %.
Un contexte plus favorable en 2016 qu’en 2015
En 2015, l’Électricité, le Chauffage et l’Outillage réalisaient de très bons chiffres de vente. Cette année, la progression se confirme dans la plupart des filières, excepté pour la branche Électricité. Le résultat est faussé par la loi de 2015 sur la sécurité incendie, qui obligeait tous les foyers français à s’équiper en détecteurs incendies. Cette obligation avait entraîné une augmentation fulgurante, mais éphémère, des ventes (+9 %).
Plusieurs facteurs sont pris en compte dans ce résultat d’activité. Tout d’abord, la reprise du marché immobilier. En effet, selon l’étude d’UNIBAL les transactions immobilières ont augmenté de 10 % cette année, et atteint leur meilleur niveau depuis 10 ans. Les projets de bricolage des ménages sont donc beaucoup plus nombreux. Un élément positif, puisque cela augmente le nombre de chantiers neufs ou à rénover. D’après le CGDD (Commissariat Général au Développement Durable), ce sont près de 453 000 chantiers qui ont été autorisés et 376 000 qui ont débuté en décembre 2016. Les chiffres de vente pour les logements anciens sont eux aussi très encourageants, puisque le nombre de transactions cumulées en février 2017 s’élève à 867 000, contre 824 000, 10 mois plus tôt.
Le second facteur est la conjoncture économique, qui semble s’améliorer. Même si le PIB stagne depuis 2012, le pouvoir d’achat des Français augmente légèrement, et avec lui, la confiance des ménages. Selon l’INSEE l’indicateur de la confiance des ménages se maintient à 99 depuis novembre, après une légère baisse à 94, en avril 2016. Il faut rappeler que, toujours selon l’INSEE, cet indicateur était à 90 en janvier 2015, seulement un an plus tôt. Les ménages consomment davantage, ils sont de plus en plus rassurés et font donc plus de projets de travaux.
Au-delà de la bonne atmosphère immobilière, d’autres éléments déterminants sont à prendre en compte. Les ménages font des constats sur leurs foyers : 29 % déclarent avoir un chauffage insatisfaisant, et 13 % disent avoir des problèmes d’humidité dans leurs logements. Des problématiques qui laissent présager des travaux. De plus, aujourd’hui, pas moins de 42 % des propriétaires se retrouvent sans charge de remboursement pour leurs biens. Ils peuvent donc dégager un budget pour les travaux, ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour l’univers du bricolage.
Les GSB : rayons préférés des Français
(cf. Graphique distribution bricolage 2016)
Pour les trois quarts de la valeur du marché, les GSB sont les principaux circuits de distribution avec 19 648 millions d’euros ; ce qui représente 77 % de parts de marché réalisées dans les grandes surfaces de bricolage, loin devant les négoces (15 %) et l’e-commerce (3 %). Ce secteur est pourtant celui qui progresse le plus avec une augmentation de 25 % des résultats d’activité.
Nous dénombrons 11 enseignes, qui sont les plus plébiscitées par les ménages. Elles se partagent l’intégralité du territoire français, avec un important réseau de 2 300 points de vente. Les Groupes ADEO et Kingfisher concentrent une part importante des ventes, en proposant des stratégies multi formats. En tête, nous retrouvons Leroy Merlin, avec 33 % des ventes, suivi par Castorama (17 %), et Brico-dépôt (14 %). Plus bas dans le classement, nous retrouvons Cofaq, Brico Leclerc et le Groupe Samse, avec respectivement 2 % des ventes.
(cf. Graphique Evolution 2016 marché global)
La plupart des secteurs progressent sensiblement. Mais certains se distinguent, pour des raisons diverses. Le rayon pour lequel les Français ont dépensé le plus d’argent cette année est celui des revêtements. Ce secteur réalise le meilleur résultat d’activité, avec 4,7 % de parts de marché. Si l’ensemble du rayon est dynamique, ce sont majoritairement les produits de mise en œuvre qui attirent les clients, avec, par exemple une augmentation de 12 % des achats de PVC, ainsi que des produits de personnalisation, tels que les plaquettes de parement, qui enregistre une hausse des ventes de 8 %.
L’outillage connaît une belle progression avec 4,2 % de parts de marché. Le segment se classe à la deuxième place des meilleures ventes. En 2015, l’outillage enregistrait déjà une belle augmentation de +2 %. Le résultat dans ce secteur était déjà supérieur à la moyenne du marché. Cette année, ce résultat d’activé remarquable confirme l’engouement des particuliers pour le bricolage, et la tendance du DIY se confirme. Les clients dépensent pour mieux s’équiper, et, depuis ces 3 dernières années, ils délaissent l’outil main pour acquérir des outils électroportatifs (OEP), offrant plus d’autonomie et une utilisation simplifiée. Nous notons pour ce segment une augmentation de 13 % de la vente des chaussures de sécurité et de +18 % des pistolets à peinture.
En troisième position des meilleurs résultats de vente, nous retrouvons le rayon Plomberie/Salle de bain/Cuisine, avec 3,8 % des parts de marché. Il s’agit d’un rayon technique porté sur l’envie des ménages d’améliorer leurs pièces à vivre, pour suivre les tendances sur l’univers de la salle de bain, mais aussi pour installer de nouveaux systèmes et de nouvelles technologies. Les consommateurs apprécient particulièrement les innovations facilitantes, notamment pour les populations vieillissantes et/ou à mobilité réduite. Nous notons, dans ce secteur, une augmentation de 21 % des ventes d’alimentation multicouche.
Le secteur Bois et Menuiserie profite de la bonne santé du marché immobilier. Il se faufile à la quatrième place des meilleurs résultats, grâce à l’augmentation des chantiers, en neuf et en rénovation. Parmi les ventes les plus dynamiques, nous retrouvons les produits finis liés à l’aménagement de l’espace intérieur, comme les portes (+14 %) et les placards (+11 %), tandis que le bois reste plus stable.
La quincaillerie enregistre un bon résultat, avec 3,5 %. Ce rayon, composé de produits variés à usage multiples, est une véritable caverne d’Ali Baba pour les bricoleurs, amateurs ou confirmés. On observe une augmentation de 8 % des ventes de produits de quincaillerie d’ameublement, et de 12 % pour la dynamique de déménagement. Le chiffre d’affaires de ce rayon est en constante progression depuis 2013.
Quelques secteurs en baisse
Les ventes du rayon Électricité sont en baisse de 4,3 %. Ce chiffre est faussé par l’effet N-1 sur les détecteurs de fumée. En effet, les chiffres de ventes des systèmes de détections incendies ont considérablement augmenté. Une répercussion de la loi de sécurité incendie de 2010, obligeant tous les ménages français à s’équiper d’un système d’alarme avant 2015. Cette réglementation avait engendré une hausse considérable des ventes l’an passé, et une baisse de 80 %, cette année. D’autre part, le passage à la TNT, en avril 2016, a permis l’augmentation des ventes en multimédia de 55 %.
Le Bâtiment n’a pas vraiment séduit non plus cette année. Ce secteur est tributaire du marché de l’immobilier. Il est aussi victime de sa technicité et des aléas climatiques. Pour autant, avec – 0,3 % de résultat d’activité, on peut noter que le secteur a su retrouver un certain dynamisme, comparé à sa performance de 2015, sur laquelle nous observions une chute des ventes de 6 %. Un dynamisme dû à l’équipement de chantier et la vente de matériaux, restée globalement stable, et à un recul restant léger pour certains (-6 % sur les ventes des matériaux isolants).
Certains rayons, comme le Chauffage, sont dépendants de facteurs externes, comme les conditions météorologiques. Malgré les 29 % des ménages qui déclarent ne pas être satisfaits de leurs systèmes de chauffage, ce segment enregistre une hausse de seulement 0,8 %. En 2015, l’univers du Chauffage avait obtenu près de 6 % de parts de marché grâce aux équipements de thermorégulation, en constante augmentation depuis 10 ans. Le secteur a également su tirer profit de la mise en place de la Norme sur le neuf, en 2012, qui a encouragé les ménages à s’équiper en chauffe-eau thermodynamiques ou encore en pompes à chaleur.
La climatisation, en revanche, subit une baisse de 22 %, due aux évolutions règlementaires entrées en vigueur ces dernières années, qui régulent et donc contraignent l’installation de systèmes de climatisation.
D’autres rayons, comme la décoration, sont plus ou moins boudés des consommateurs car ils dépendent de facteurs externes. Dans ce domaine, les tendances varient selon les effets de mode. Nous remarquons que les tapis sont en net recul, tandis que les luminaires et les textiles progressent. Nos remarquons une augmentation de 9 % des ventes sur les lampadaires et 12 % sur les objets décoratifs, alors que la tendance du DIY et l’engouement des ménages pour le changement dans leurs intérieurs n’empêchent pas la Droguerie et la Peinture, de se trouver en difficulté. Ce rayon a du mal à retrouver sa dynamique, exception faite pour les résines de rénovation, qui tirent leur épingle du jeu, avec une belle augmentation de 9 %.
L’univers du Jardin est lui aussi largement boudé par les consommateurs. Il a fait les frais d’un printemps assez froid et humide, avec une part de marché de seulement 1 %, cette année. Une conjoncture peu favorable, qui a eu pour répercussion une modification des priorités des jardiniers. La tendance a donc été à la diminution des contraintes d’entretiens, pour privilégier l’esthétique. On le remarque avec une augmentation des ventes de tondeuses (16 %) et de l’aménagement décoratif (17 %).
L‘e-commerce gagne du terrain
(cf. Graphique Évolution par circuit en 2016)
Bien qu’elles dominent incontestablement le marché, les GSB sont confrontées à une nouvelle dynamique impressionnante : celle de l’e-commerce. La vente en ligne ne concerne aujourd’hui que 3 % des ventes, mais elle s’impose pour l’année 2016 comme le circuit qui se développe le plus, avec une percée de 25 % contre 1,6 % pour les GSB et -1,2 % pour les GSA.
Si les GSB, avec 77 %, restent en tête des modes de ventes, cette faible évolution ne doit pas être négligée. Pour conserver cette hégémonie, des solutions doivent être développées.
Le marché du bricolage a progressé au premier trimestre, avec 7 %, puis ralenti au deuxième et au troisième, avec 2 %, avant de repartir à la hausse au quatrième trimestre, avec +5 % ; alors que les prévisions des ventes dans l’immobilier, proposées par le cabinet Xerfi, prévoient 4 % de ventes en plus pour l’ancien, et 10 % pour le neuf. La conjecture immobilière laisse croire que le résultat d’activité devrait se maintenir, voire augmenter de 1 à 2 %. En revanche, la période électorale de 2017 risque d’engendrer une méfiance des ménages, traduite par une attitude attentiste. En effet, lors de chaque année électorale, les Français ont tendance à s’abstenir d’investir, et préfèrent thésauriser. 2017 fera-t-elle exception à la règle ?